Lueur évoque une grande flamme, dont la forme torsadée peut aussi faire penser à une aile. Sur les deux faces de la sculpture, le bronze est strié à partir du centre pour former des rainures qui suivent le mouvement de la torsade. Celles-ci contribuent à donner un élan dynamique à l’œuvre. L’artiste intègre les vides dans l’espace sculptural : la forme torsadée lui permet de créer un écho entre les vides et les pleins. Il insiste aussi sur la fonction active du rythme et du mouvement dans la composition, par la forme même de cette flamme. Le mouvement giratoire de la sculpture se ressent en faisant le tour du rond-point. Il est aussi intéressant de voir l’importance qu’accorde l’artiste à la valeur expressive du modelage : les stries confèrent vie et dynamisme à la sculpture.
On peut distinguer deux périodes majeures dans l’œuvre d’András Beck : la représentation de figures puis, à partir de 1958, l’épuration des formes pour les réduire à des éléments presque abstraits – Lueur fait partie de cette seconde période. L’artiste ambitionne de réconcilier l’art le plus matériel – la sculpture – avec l’immatériel, notamment la musique qu’il a pratiquée étant enfant. En quête de l’expression qui peut le mieux exprimer ses visions, il refuse la distinction entre la part manifeste de la réalité et la part invisible de la réalité. Cette distinction entre la figuration et l’abstraction n’a pour lui aucun sens : tout langage, y compris sculptural, est abstraction. Il laisse ainsi plus de 150 sculptures qui reflètent ses états d’âme.
Né en 1911 en Hongrie et décédé en 1985 à Clamart, András Beck est un sculpteur et médailleur hongrois. Très tôt, il apprend à pétrir la terre glaise dans l’atelier de son père sculpteur et joue sur le piano de sa mère. Il se forme à l’École des Beaux-Arts de Budapest où il devient professeur après la Seconde Guerre mondiale. Malgré la reconnaissance de son travail par les institutions officielles – il reçoit d’importantes commandes et obtient des prix – il s’exile en France en 1957 pour fuir l’oppression du régime soviétique. Installé à Clamart, il crée sa maison-atelier, le Cerisier, en 1976. Plus de 200 sculptures et 400 dessins de l’artiste ont été légués au musée d’art et d’histoire de Meudon en 1993 par sa veuve, Heidy Beck.
Lueur, Place du Garde à Clamart © Ville de Clamart
Lueur, Plâtre © Ville de Clamart
András Beck en 1985 © Droits réservés