Assis côte à côte, un homme et une femme s’embrassent tendrement, ignorant la présence du visiteur. Les deux corps serrés l’un contre l’autre s’enlacent pour ne former qu’une seule et même forme. L’artiste représente habituellement des personnages masculins seuls, mais ici, il a choisi un couple que l’on imagine au premier abord serein et aimant, qui lui rappelle ceux qu’il croise dans les rues de Clamart.
Les volumes de la sculpture sont compressés, avec des surfaces aplaties, comme si les personnages étaient contraints par l’espace qui les entoure. Khaled Dawwa a mis au point cette technique avec sa série d’œuvres intitulée Compressé. Ce titre se lit au sens littéral, comme un rappel de la technique, mais aussi au sens figuré. Les personnages à l’aspect comprimé sont autant écrasés par les difficultés de la vie et du monde extérieur, que par le poids de leurs blessures intérieures et de leur propre vécu. Ainsi, malgré la tendresse qui émane de cette scène, le couple semble figé dans l’espace circonscrit de la sculpture.
Inspirée du poème Le plus bel amour de l’auteur palestinien Mahmoud Darwich, l’œuvre incarne aussi le sentiment amoureux comme forme de résistance : les corps sont réunis et protégés par le drapé, avec l’amour comme seul rempart face aux épreuves à affronter et aux agressions extérieures. En cela, l’œuvre résonne avec l’expérience personnelle de l’artiste qui a vécu des moments traumatisants lors de la révolution syrienne. Ressort ici une forme de sérénité et de tendresse : le couple reste calme et uni malgré les différentes pressions qu’il peut subir et les obstacles à surmonter.
Le titre de cette œuvre nous interroge sur l’identité des passants : puisque le couple est assis, statique, le titre renvoie davantage au visiteur qui passe devant la sculpture dans l’allée du jardin. Il questionne aussi leur comportement : ne font-ils justement que passer ou prennent-ils un instant pour regarder ce couple, auquel chacun et chacune peut s’identifier ?
Khaled Dawwa est né en 1985 en Syrie où il a grandi. Il étudie la sculpture à l’École des Beaux-Arts de Damas avec la terre comme médium de prédilection. Ses œuvres sont ouvertement politiques et résonnent avec la révolution syrienne qui éclate en 2011. Il fuit son pays natal en 2013 pour se réfugier au Liban où il crée une archive en ligne de ses sculptures intitulée Clay and Knife pour garder la trace de son travail qu’il doit détruire au fur et à mesure. Depuis 2016, Khaled Dawwa vit à Clamart et participe à plusieurs expositions en France et à l’étranger.
Modèle en terre © Ville de Clamart
Bronze avant patine à la fonderie © Khaled Dawwa
Dévoilement de l'oeuvre le 30 juin 2021, jardin du CACC © Ville de Clamart