À l’écart de Paris, dans un espace intime et privilégié, Sophie Taeuber imagine en 1927 les plans de la maison-atelier de Clamart. Entièrement conçue pour leur création, elle continue aujourd’hui d’abriter le travail de Jean Arp et Sophie Taeuber, figures majeures des Avant-Gardes artistiques du XX^e siècle. Elle est avant tout l’histoire d’un véritable lieu, où se sont croisés dans les années 1930 la plupart des artistes et écrivains de l’époque.

Un volume unique et une façade simple, des ouvertures marquées. Tout comme le mobilier visible à l’intérieur, l’architecture de la maison témoigne déjà des principes fondamentaux de l’art de Sophie Taeuber. Matériau élémentaire et propre à la région, la meulière contribue à fondre l’atelier dans le paysage de Clamart. Autant de décisions qui révèlent l’opposition de Taeuber face à un art de l’éparpillement et de l’ostentatoire.

Fondateurs du mouvement Dada, le couple Arp-Taeuber a donné naissance à une œuvre qui pénètre les sphères du quotidien. Deux esprits complémentaires ont créé deux arts aux contours visuels que l’on pourrait croire éloignés. Un naturel organique émane des sculptures de Jean Arp, ses formes rondes et apaisées inspirent la sérénité chez celui qui les contemple. Sophie Taeuber, quant à elle, compose une géométrie aux architectures rigoureuses, qui font preuve d’une incroyable précision dans l’agencement de leurs figures.

Cependant mouvement, danse et vie sont les amarres de leurs deux créations, gardant la juste souplesse pour individualiser les artistes, sans jamais les laisser se séparer l’un de l’autre. Aujourd’hui, cet atelier abrite la fondation dont Jean Arp avait esquissé les contours plusieurs années avant sa mort, afin de favoriser la connaissance de son œuvre à côté de celle de Sophie Taeuber, pour répondre à la demande des amateurs et professionnels de l’art. A la fois musée et centre de recherche, la Fondation Arp est un lieu essentiel à la perception de leur travail artistique.

Voir les œuvres dans l’intimité et la lumière de l’atelier où elles naquirent, repérer les traces de toute nature qui y sont conservées, rejoint les souhaits de Jean Arp. Le poète-sculpteur, qui rêvait dans les années trente de « perdre ses sculptures dans la forêt », songeait peut-être aux promeneurs, amoureux des forêts de Meudon-Clamart, à la recherche d’une émotion, d’un message ou d’un enseignement.