Le cycliste voit son attention détournée par le chien qui le course, ce dernier poursuivant en fait le chat tranquillement installé sur le porte-bagage du vélo. Le titre Triálogo signifie « trilogue » en français. Ce mot vient du grec ancien tri, « trois », et logos, la « parole » ou le « discours ». Il explicite la relation entre ces trois personnages qui communiquent par leurs expressions. Le chien, déterminé, court après le chat, tandis que ce dernier, moqueur, le regarde de haut. Pendant ce temps, le cycliste observe mi-étonné mi-amusé cette scène qui captive son attention.

L’œuvre, par sa simplicité et son insouciance, parle d’elle-même. Edgardo Carmona tire son inspiration de ses observations de la vie quotidienne. Sa technique d’assemblage et de soudure des pièces d’acier, alliée à la sensibilité de son regard, rend étonnamment vivants ses personnages surpris dans leurs occupations journalières. Le public regarde avec amusement la sculpture dans laquelle l’artiste parvient à capter et à restituer divers instants choisis : le face-à-face entre le chien et le chat, et le cycliste dont l’attention est détournée de sa course par le duo. C’est cette synthèse visuelle de la narration, parfaitement opérée, qui fait tout le succès des œuvres d'Edgardo Carmona. Il cherche à reproduire plus que de simples formes et visages : pour lui « c’est l’âme et l’esprit qui finalement affleurent la peau dure et silencieuse de l’acier... ».

Edgardo Carmona est né en 1950 à Carthagène, en Colombie, où il réside et travaille. Il se forme d’abord comme ingénieur en mécanique et en administration des entreprises, puis décide d’étudier les arts plastiques, la peinture et la sculpture à l’Académie Alberdi et à l’École des Beaux-Arts de Carthagène. Il développe une technique de sculpture fondée sur l’assemblage de l’acier : il associe de multiple éléments en acier structurel – barres, tubes, lames... – pour construire ses œuvres. Après de nombreuses expositions en Amérique du Nord et du Sud, il expose en Europe en 2003, notamment en France lors du festival Solidays. En 2010, la Ville de Clamart expose 25 de ses sculptures dans l’espace public, dans le cadre des célébrations du bicentenaire des indépendances d’Amérique latine Caraïbes.